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    Découverte d'une famille de "vieux-croyants" dans la Taïga...

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    "Ermites dans la Taiga- titre original :"Tayojny toupik"-

     Il s'agit là, d'un récit de Vassili Peskov, traduit du russe par Yves Gauthier, relatant une incroyable réalité : celle d'une famille de vieux-croyants démunis à l'extrême, subsistant dans une cabane misérable, en pleine taiga, coupés de la civilisation depuis....1938 .
      

    Grand reporter à la Komsomolskaia Pravda, il raconte avec passion et minutie l'aventure de ces ermites, puis la tentative de la plus jeune d'entre eux, Agafia, pour se réadapter au monde.


     "Ce que le sort a réservé à Agafia, fille de la taiga, née en 1944, ici, sur les bords de l'Erinat, c'est une solitude qu'elle ne cherche pas à fuir. Elle ne le peut ni ne le veut."

     Le fond de l'histoire : Dans les montagnes du Khakaze, sur le versant nord, impénétrable, du Saian occidental, des géologues avaient découvert des hommes qui vivaient depuis plus de quarante ans totalement coupés du monde. Une petite famille.Deux des quatre enfants n'y avaient jamais vu d'autres humains que leurs parents et leurs aînés et ne connaissaient le monde humain que par ouî-dire...
    Un savant régionaliste avait eu connaissance de la "trouvaille" des géologues par une note de service, et était parvenu à pénétrer dans ce coin reculé de la taiga.

        "Je suis entré dans leur masure. Je leur ai parlé comme je vous parle. Mon impression? Un mélange de préhistoire et de Russie d'avant Pierre Le Grand! Ils font le feu au silex...Ils s'éclairent avec des mèches de bois...Nu-pieds l'été, chaussés d'écorces de bouleau l'hiver. Pas de sel, pas de pai. Ils n'ont rien perdu de la langue, mais on a du mal à comprendre les cadets...Ils sont aujourd'hui en contact avec le groupe de recherche géologique et semblent heureux de leurs rencontres avec les hommes, si courtes soient-elles. Malgré tout ils affichent toujours la même méfiance et n'ont guère changé leur mode de vie et leur train quotidien. S'ils vivent ainsi, c'est à cause d'une déchirure religieuse qui remonte à l'époque d'avant Pierre Le Grand.Au mot de "Nikon"ils crachent et se signentdes deux doigts.Ils parlent de Pierre Ier comme de leur ennemi intime.Il y a beau temps qu'ils ignorent les évènements du monde. L'électricité, la radio, les satellites dépassent leur entendement."

    Les robinsons furent découverts en été 1978.....

    Vassili Peskov achève ce récit un soir d'automne en imaginant ce qui se passe là-bas, dans les montagnes sauvages.

    "Le silence enveloppe la taiga. Parmi les arbres perce la lumière d'une lucarne. Nul ne viendra y frapper. La personne qui, dans cet isba, récite sa prière à la chandelle, ne sera pas entendue s'il arrive un malheur......"

    "Seigneur Jésus Christ fils de Dieu, veille sur nous. Amen. Soyez en bonne santé Vassili Mikhailovitch. Nous avons reçu votre lettre. Grande est notre reconnaissance. Nous vous apprenons que nous sommes encore vivants mais guère bien portants,ensuite il en sera comme Dieu le voudra. La vie va doucement, nous avons moissonné le seigle, nous n'avons pas récolté tout le pois et la pomme de terre, la neige a tout enveloppé. ErofeÏ nous a aidés. Grand merci pour les cadeaux, nous vous saluons bien bas.Ecrit par Agafia le troisième jour d'octobre un samedi."

    A l'heure où paraissait ce livre, Agafia vivait toujours loin du "siècle", dans la sauvage solitude de la Taiga.

     

    C'est un livre de la série "Terres d'aventure" aux éditions Actes Sud. Paru en mars 1992.

    Si j'ai choisi ce livre aujourd'hui, c'est qu'il a une suite : "Des nouvelles d'Agafia" paru en mars 2009.
    (Je ne l'ai pas encore lu, mais ça ne saurait tarder!)

     

     

     

    - "Si le premier livre nous présente la famille Lykov et sa vie érémitique dans la taïga, celui-ci relate la vie d'Agafia et la relation qu'elle entretien avec "le siècle" à travers ses contacts avec les géologues, les différents visiteurs qu'elle accueille, pour une durée plus ou moins longue d'ailleurs, le journaliste qui lui reste fidèle et la visite chaque fois que cela lui est possible.
    Le ton du récit n'est plus le même, mais tout aussi passionnant. Merci aux deux hommes, Peskov et Gauthier, qui nous font voyager jusqu'à l'isba d'Agafia et nous offrent de partager quelques pages de sa vie."



     

     

     

     


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